La plupart des cancers induisent une réponse de l’immunité innée (cellules NK et Tgd) et de l’immunité adaptative (lymphocytes T cytotoxiques). La réponse immunitaire est longtemps efficace puis se trouve débordée. Cet échappement constitue l’immuno-évasion.
Les mécanismes par lesquels la tumeur échappe au système immunitaire sont de mieux en mieux connus : déficit de l’infiltration du lymphome par les cellules immunitaires, altération des mécanismes de contact entre les cellules cancéreuses « cibles » et les cellules « tueuses », et surtout « l’anergie » qui se définit comme un état de faible activation de ces dernières. L’allégorie la plus représentative est celle de la lutte entre forces de l’ordre et manifestants : si la police est souvent efficace au début, elle peut s’avérer inopérante si les policiers sont en nombre insuffisant ou mal placés, s’ils sont dans l’impossibilité d’identifier les casseurs cachés dans la foule, s’ils se découragent, s’ils s’épuisent et a fortioris’ils sont désarmés.
Ces généralités sont applicables tant au lymphome de Hodgkin (LH) qu’aux lymphomes non-Hodgkiniens (LNH). Au cours de la dernière décennie, des travaux ont de fait établi l’importance de ces différents types de mécanismes d’échappement (1). Ceux-ci sont coordonnés de par l’activation ou l’inactivation de plusieurs dizaines de gènes (on parle de leur transcription). Il est ainsi possible d’établir un score d’immuno-évasion dans les cancers basé sur la transcription de plusieurs gènes (2). Enfin, il est apparu que les cellules immunitaires ayant reconnu une « cible », pouvaient être « désarmées » elles, par le jeu de contact entre des couples récepteurs/ligands à leur surface (« un velcro » de protéines). Ces récepteurs sont dits « points de contrôle immunologique » (PCI) et leurs ligands, les ligands de PCI (PCI-L). L’importance du couple PCI/PCI-L pour l’échappement du cancer varie selon le type de lymphome : par exemple, PD1/PD1-L, pour les lymphomes de Hodgkin et les lymphomes B diffus à grandes cellules (3), TIM-3/TIM-3-L pour les lymphomes folliculaires (4).
Les PCI sont des cibles pour des anticorps-médicaments dont le nivolumab et le pemprolizumab, deux anticorps dirigés contre PD1 désormais commercialisés dans le lymphome de Hodgkin et en cours d’évaluation dans d’autres types de lymphomes non-Hodgkiniens.
Auteur : Professeur Camille Laurent, Service d’Anatomie Pathologique, Institut Universitaire du Cancer de Toulouse-Oncopole, Centre de Recherche contre le Cancer de Toulouse, UMR 1037, Toulouse Oncopole.
Références