La greffe de moelle s’est imposée depuis 50 ans comme un traitement potentiellement curateur dans certains cancers hématologiques. Les cellules souches sont prélevées, stockées des semaines, puis ré-injectées après une chimiothérapie lourde et une irradiation corporelle qui ont détruit les cellules souches du patient. On espère ensuite que les lymphocytes T du donneur détruiront ce qui reste des cellules cancéreuses du receveur (effet GvL, greffon versus Leucémie ou Lymphome).
Qu’est-ce qu’un Chimeric Antigen Receptor T cell ? Une cellule-médicament !
Les lymphocytes T d’un patient atteint d’hémopathie maligne réfractaire aux traitements sont prélevés. On leur fait exprimer un récepteur génétiquement modifié pour leur faire reconnaître une cible sur la cellule tumorale, et, après une courte chimiothérapie, on les ré -injecte au patient (cf. schéma). Il n’existe a priori aucune limite à leur développement en cancérologie, du moment que l’on trouve une cible spécifique. En résumé, c’est l’effet GvL sans l’effet sur les cellules normales du receveur, sans l’immuno-suppression.
Mais, malgré cet espoir de thérapie de rupture, de nombreux problèmes restent encore à régler.
En premier lieu, seuls les centres d’Hématologie autorisés « greffe » peuvent les utiliser (un récent décret Ministériel régule les règles strictes de manipulation et d’emploi de ces cellules considérées Organismes Génétiquement Modifiés).
Par ailleurs, le patient doit avoir une maladie non évolutive au moment de la ré -injection (le processus de création des CAR-T, aux Etats-Unis, bientôt en Europe, prend 4-6 semaines).
Ensuite, les effets indésirables (parfois mortels) les 3 premières semaines nécessitent une hospitalisation complète (pas forcément en revanche en secteur stérile).
Enfin, le prix remboursé par la Sécurité Sociale (320 000 euros, qui sera amené à diminuer à l’avenir avec la concurrence) chez les patients réfractaires en 3èmeligne, en fait un traitement destiné à un sous-groupe de malades très sélectionnés par l’équipe d’Hématologie sur des critères de succès probable (des « RCP CAR-T » existent dans les centres agréés, comme nous avons des « RCP greffes »).
Il n’y a pas de doute que les CAR-T vont de plus en plus envahir le champ thérapeutique en oncologie, mais aussi dans d’autres maladies.
Professeur Loïc Ysebaert
Schéma « Qu’est-ce qu’un Chimeric Antigen Receptor T cell ? »